Séance 3 : La crise du Kosovo

La 3e séance du séminaire « Maintenir la paix en Europe depuis la fin de la guerre froide » a lieu ce mercredi 7 février en salle de conférence du bâtiment Censive, sur le campus Tertre. Elle portera sur l’engagement des forces occidentales dans la crise du Kosovo.

Pour en parler, le Centre Jean Monnet reçoit des invités de marque :

Nathalie Duclos, maîtresse de conférence à l’Université de Tours

Gabriel Keller, ex-ambassadeur de France en Serbie

Le Général Xavier Bout de Marhnac, ancien commandant des forces armées de l’OTAN KFOR et de l’opération EULEX.

 

Rappel de la présentation du séminaire :

 

Ce séminaire pluridisciplinaire visera en 5 séances à explorer l’engagement des Européens, depuis la fin de la guerre froide, dans des interventions multiples et multiformes de rétablissement de la paix ou de maintien de la paix (peace making / peace keeping), sur des théâtres variés – européens (Balkans) ou non (essentiellement Afrique et Moyen-Orient). Par Européens, nous entendons à la fois l’Union Européenne (UE), mais aussi les puissances européennes qui purent intervenir militairement seules (Rwanda pour la France, Sierra Leone pour le Royaume-Uni) ou en coalition, essentiellement via l’OTAN (Bosnie, Kosovo).

 

 

Il s’agira de s’interroger sur les raisons qui poussèrent les Européens à mettre l’idée de gestion de crise et de maintien de la paix au cœur de leur doctrine stratégique, à en faire le point nodal des efforts d’intégration européenne en matière de défense (avec l’émergence de la PESD, politique européenne de sécurité et de défense, devenue ensuite, PSDC, politique de sécurité et de défense commune), et enfin, à s’engager, sous bannière européenne, dans toute une série d’interventions militaires ou civilo-militaires suite à l’impulsion donnée par l’accord franco-britannique de Saint-Malo en 1998. Même si l’ampleur de ces interventions resta toujours modeste, l’ambition était de faire de l’UE un security provider (à l’inverse de la situation qui avait prévalu pendant toute la guerre froide) et ce retournement s’accompagnait d’un discours de légitimation présentant l’UE comme particulièrement apte à réussir ses missions de peace keeping – d’abord par la nature même du projet de construction européenne fondée sur l’idée de réconciliation, mais aussi par la variété des instruments d’intervention et d’influence que l’UE serait capable de mettre en œuvre au service de la paix sur un théâtre d’intervention donné (instruments militaires, mais aussi civilo-militaires, économiques, normatifs).

 

 

Il conviendra également de mettre au jour tout l’arrière-plan idéologique, le mode de pensée politico-stratégique qui a accordé une place centrale à ce type de missions militaires pour l’Europe : quel rôle jouèrent les héritages postcoloniaux des grands États-membres anciennement puissances impériales – à commencer par la France et le Royaume-Uni ? quel lien avec la thématique de la « fin de l’Histoire » (F. Fukuyama) et l’idée d’une Europe post- moderne ou post-westphalienne, dont un des rôles au plan international serait de pacifier les zones de non-droit en voie de régression (Robert F. Cooper) ? dès lors, y aurait-il lieu d’établir une continuité, dans la longue durée, entre ces opérations européennes de maintien de la paix et le thème de la « pacification » des sociétés africaines à l’occasion de la colonisation (un argument fondamental ayant servi à justifier la colonisation) ?

 

 

Il s’agira enfin d’examiner les débats politiques et l’évolution des opinions publiques à la fois européennes et africaines sur le rôle de l’Europe dans les situations de conflits : les Européens et/ou l’UE ont-ils été perçus réellement comme des agents de maintien de la paix ou au contraire les interventions ont-elles été finalement ressenties comme des facteurs aggravants des conflits ? Quel bilan général peut-on dresser de cette première quinzaine d’années post-guerre froide où le peace keeping sembla devenir, en particulier pour l’Europe, la vocation ultime de l’emploi de la force au plan international ?

 

 

Chaque séance, ouverte au public, s’articule autour de deux intervenants, l’un universitaire (auteur d’une publication récente sur la question), l’autre praticien ou grand témoin, autour de telle ou telle étude de cas.

 

 

Organisateurs

Michel Catala

Michel Catala

Professeur d’histoire contemporaine à Nantes Université - Directeur du Centre d'excellence Jean Monnet et de l'Institut d'études européennes et globales Alliance Europa.

Directeur du Centre d’excellence Jean Monnet Unipaix et de l’Institut d’études européennes et globales depuis sa création en 2015, il est à l’origine du programme RFI Alliance Europa avec Arnauld Leclerc (depuis 2013). Professeur des universités depuis 2004, il a dirigé le CRHIA, laboratoire d’histoire réunissant 50 enseignants-chercheurs et 89 doctorants sur Nantes et La Rochelle. Il a une longue pratique de la direction de structure de recherche, et de programmes collectifs de recherche sur l’histoire de l’Europe à échelle régionale (DCIE) et nationale (Labex EHNE). Spécialiste de l’histoire des relations internationales en Europe et de l’histoire de la construction européenne, il enseigne ces disciplines depuis 15 ans. Auteur de nombreuses publications sur ces questions, il a aussi lancé de nombreux partenariats internationaux. Président fondateur de la Maison de l’Europe à Nantes, il connaît particulièrement bien les acteurs de la société civile et des collectivités locales qui travaillent sur les questions européennes à Nantes et dans les Pays de la Loire.

Nantes Université
Alliance Europa
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MSH (Bureau : 510)
5 allée Jacques Berque
44 000 NANTES
https://www.univ-nantes.fr/michel-catala-1
Frédéric Gloriant

Frédéric Gloriant

Maître de Conférences en Histoire contemporaine à Nantes Université , au sein du Centre de Recherches en Histoire Internationale et Atlantique (CRHIA)

Thématiques de recherche en lien avec le projet UniPaix :

  • histoire de la Guerre froide et de la construction européenne
  •  questions nucléaires et stratégiques
  •  rapports franco-britanniques, politiques étrangères de la France et de la Grande-Bretagne

Son projet de recherche « De Berlin à l’Iran, les Européens face aux crises nucléaires : directoires et multilatéralisme dans l’aire euro-atlantique » est soutenu par l’Institut d’études européennes et globales Alliance Europa.

En savoir + >>

frederic.gloriant@univ-nantes.fr