Retour sur les échanges des étudiants Nantais avec Eurocadres – Séjour d’études novembre 2022

Du 5 au 10 novembre 2022, les étudiants du master 2 science politique de l’Europe auront pu, dans le cadre de leurs études, partir à la visite de la capitale Européenne : Bruxelles. Durant ce séjour, les étudiants ont eu l’opportunité de visiter différentes institutions importantes dans la structuration du projet européen, tels que, le Parlement, la Commission, le CESE ou encore la discussion auprès des représentants du syndicat Eurocadres. C’est d’ailleurs cette rencontre auprès de Nayla Glaise, présidente du syndicat Eurocadres, qui sera le cœur de notre article aujourd’hui !

 

Retour sur les échanges des étudiants Nantais avec Eurocadres

 

L’après midi du mardi 8 novembre, ma promotion et moi avons eu l’opportunité de rencontrer Nayla Glaise. Cette dernière, ingénieure de formation, rattachée à la CGT, fut désignée présidente du syndicat Eurocadres au mois d’octobre 2021.  Après plus de 4 ans passés au sein du comité exécutif d’Eurocadres en tant que trésorière, elle devient la première femme désignée présidente de l’un des plus gros syndicats européens, un symbole fort dans un univers peu reconnu pour sa modernité. Le syndicat Eurocadres, rattaché à la Confédération européenne des syndicats, est reconnu comme étant le représentant officiel des « white collars » européens, qui, de par leurs fonctions au sein des différentes entreprises, sont de plus en plus amenés à se confronter aux outils du numérique. Depuis la promulgation de l’acte unique (ou accord Jacques Delors) en 1986, entrainant la création d’un marché unique européen, la mutualisation des problématiques/solutions européennes liées aux droits des salariés est un impératif. Le syndicat EUROCADRES, fondé en 1993, est reconnu comme l’un de ces partenaires sociaux interprofessionnels européens. Le syndicat appuie les organisations de cadres déjà actives en Europe au niveau national, conduit des enquêtes et des études, organise des échanges d’informations et tient des conférences facilitant le développement d’une perspective plus européenne sur les questions liées au marché du travail.

 

 

A la suite de cette présentation générale des questions syndicales qui entourent l’Europe, madame Glaise s’attelle à la présentation de plusieurs grandes problématiques occupant son temps et son esprit depuis maintenant plusieurs années : tout d’abord, la question des droits des travailleurs face aux nouvelles problématiques liées à la question du numérique.

Depuis la crise de la Covid-19, le nombre de cadres travaillant de façon plus ou moins conséquente en télétravail : ainsi, en 2021 en moyenne chaque semaine 55% des cadres ont télétravaillé ; les cadres représentaient ainsi 60% des télétravailleurs, en sachant que 47% de ces cadres télétravaillent durant l’entièreté de la semaine. Cette diffusion en masse de la pratique entraine de nouveaux questionnements : Comment ce renouvellement du cadre de travail entraine une disparition des frontières entre la vie privée et vie public ? Comment éviter par ailleurs certains risques psycho-sociaux dus à l’isolement, la perte du lien avec le collectif, essentiel quant à la défense de leurs intérêts, ainsi que la défense du droit à la déconnexion, obligation figurant à l’article L.2242-17 du code du travail français, soit une régulation de l’utilisation des outils numériques, en vue d’assurer le respect des temps de repos et de congé ainsi que de la vie personnelle et familiale.  Intéressé par ces problématiques, je questionne donc madame Glaise quant au bénéfice potentiel lié à l’augmentation de la productivité lié au télétravail, et cette démocratisation à l’échelle européenne de la semaine de travail de 4 jours, mise en place sur le territoire Belge depuis la fin du mois de novembre.

 

Dans un second temps se poursuit notre échange, autour cette fois ci des problématiques liées au genre. Depuis sa fondation, l’Union européenne s’inscrit comme pionnière en la matière. Nos manières de travailler se renouvellent et de nouvelles problématiques s’imposent donc.

L’Union européenne s’inscrit comme pionnière en la matière. Nos manières de travailler se renouvellent et de nouvelles problématiques s’imposent. L’Union européenne s’est voulu pionnière dans ce domaine, faisant de la réduction des inégalités hommes/femmes, son cheval de bataille politique et social. Certaines inégalités demeurent cependant, principalement d’ordres salariales, tout ceci en raison d’une forte opacité et d’une individualisation des systèmes de rémunération au sein des différentes entreprises.

En parallèle se prolonge cette culture du plafond de verre au sein des grandes entreprises européennes, problématique sur laquelle l’Europe pourrait jouer un rôle déterminant. Alors que le débat autour des questions liées au genre et au monde du travail se prolonge, je me rends progressivement compte de la profondeur des problématiques qu’affrontent madame Glaise et son syndicat. En raison de moyens structurels comme financiers parfois insignifiants face à d’autres groupes de pression (lobbys, syndicats patronaux européens tel que BusinessEurope…), ces derniers s’évertuent à répondre aux attentes des cadres européens, afin de répondre aux urgences environnementales, sociales et politiques : il n’est « Pas question que « le monde d’après » ressemble au monde d’avant… en pire ! ».

Une rencontre essentielle dans notre séjour, qui donne envie de s’investir autour de ces problématiques dans sa carrière future.

 

Tristan Fovelle, étudiant du Master 2 Sciences politiques de l’Europe