Pour Denis Duez, l’entrée en vigueur du Traité de Maastricht est véritablement une étape majeure dans l’histoire de l’intégration européenne, comparable seulement à la signature des Traités de Rome en 1957.
Maastricht, c’est le passage d’une Communauté économique à une « Union », dénomination qui marque une politisation explicite du projet européen, écartée à ses débuts afin de privilégier une méthode de « petits pas ».
Mais aussi l’idée d’une Union qui se voit désormais au service de citoyens et citoyennes européens, grâce à la création d’une citoyenneté qui se surajoute aux citoyennetés nationales.
Enfin, l’année 1993 est également la mise en place d’un espace européen dans lequel sont mises en œuvre les quatre grandes libertés de circulation (biens, services, capitaux, personnes).
En distinguant entre « trois piliers » – à côté du marché unique, il y a désormais la coopération des Etats-membres dans le domaine de la politique extérieure et de sécurité, ainsi que la coopération policière et judiciaire – on change la nature même du projet européen.
On change la nature même du projet européen, et ce dans un contexte géopolitique en pleine mutation. Le Traité de Maastricht intervient très vite après la fin de la guerre froide – chute du mur de Berlin en 1989 et dissolution de l’Union soviétique en 1991 – mais cette paix nouvelle est très vite mise à mal par le déchirement de la Yougoslavie.
Selon Denis Duez, c’est précisément le troisième pilier, celui de la sécurité intérieure de l’Union, qui a permis aux Européens de trouver le plus petit dénominateur commun autour duquel on peut commencer à discuter au-delà de l’intégration économique. S’y impose très rapidement la question des frontières de l’Union, car qu’est-ce qu’un corps politique si ce n’est une communauté bornée par des frontières ? Il y a donc un glissement de la problématique de la paix vers la question de la sécurité.
Pour ce qui est de la politique étrangère commune, qu’on a pu considérer pendant longtemps comme le « parent pauvre » des politiques lancées par Maastricht, il faut reconnaître que le traité a tout de même joué un rôle de « pivot » dans ce domaine, étant donné que l’Union européenne s’est reconnue comme un acteur légitime sur la scène internationale.
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