La MESHS de Lille consacrait en 2015 son Printemps des sciences humaines et sociales à l’exploration de diverses facettes de l’Europe. Un riche programme de conférences proposait des variations autour d’une interrogation essentielle et primordiale: «Comment peut-on (ne pas) être européen ?».
Lors de la conférence inaugurale du 7e printemps des sciences humaines et sociales 2015, organisé par la Maison européenne des Sciences de l’Homme et de la Société, Jean-Marc Ferry présentait la dimension proprement philosophique du projet politique européen.
Cette vidéo résume l’essentiel de la « philosophie de l’Europe » de la Chaire de Philosophie de l’Europe, en lui conférant une certaine dimension historique.
Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, le projet d’édification d’une Europe politique semble avoir pris le contrepied de l’esprit dans lequel le grand Husserl, lors de sa célèbre Conférence de Vienne, en 1935, avait pu invoquer l’«Europe philosophique», tout en appelant l’«humanité européenne» à un «héroïsme de la raison», afin de conjurer l’enlisement du rationalisme occidental dans l’objectivisme et le naturalisme.
Par rapport à cet idéalisme fait contraste le réalisme des pionniers de la construction européenne, un processus jusqu’alors dominé par l’économisme, le fonctionnalisme, le technocratisme; processus «froid», s’il en est, qui n’offre guère de matière aux passions politiques, et moins encore de prise, du moins en apparence, aux enthousiasmes spéculatifs.
Pourtant s’y joue la grande transformation postnationale, plus importante, peut-être, que la Révolution française en son temps. Derrière la froideur des processus d’intégration transnationale se joue en effet le destin de l’idée princeps des Lumières: l’idée cosmopolitique. On montrera comment, sous cette lumière, une approche normative du projet politique européen donne à connaître sa dimension philosophique.
La conférence était animée par Céline Husson-Rochcongar, maître de conférences en droit public à l’université de Picardie – Jules Verne.