Le dernier ouvrage de Vincent Vilmain, docteur de l’EPHE, agrégé d’histoire et maître de conférence à l’Université du Mans, vient de paraître aux éditions Honoré Champion.
Peut-on être à la fois féministe et nationaliste ? Les doctrines nationales, si elles ont toujours glorifié les femmes et leurs vertus, ne leur ont en réalité assigné qu’un rôle de reproductrices et d’éducatrices. L’émergence du sionisme, l’un des derniers avatars des nationalismes apparus tout au long du XIXe siècle, est concomitante à la fois de la modernisation des mondes juifs d’Europe centrale et orientale et de la remise en cause de la voie de l’assimilation. Or, ces évènements déterminants pour l’histoire du peuple juif n’ont pas seulement marqué le destin de sa partie masculine. De très nombreuses jeunes femmes juives ont en effet participé aux questionnements identitaires qui ont traversé le judaïsme à la fin du XIXe siècle. Certaines d’entre elles ont pris fait et cause pour le projet d’émancipation collective porté par l’idéologie sioniste. Cependant, la plupart de ces femmes se sont libérées de la tutelle masculine, accédant ainsi à un statut individuel bien peu conforme au modèle conçu pour la future femme nationale. Comment assument-elles un tel décalage ? Quels parcours se dégagent de ces expériences ?