Par Jean-Marc Ferry, philosophe
Le Monde 24/01/2017
Philosophe attaché à l’idée européenne et théoricien de l’allocation universelle, Jean-Marc Ferry assure que la proposition par Benoît Hamon est un bon moyen d’accompagner socialement la mondialisation.
Philosophe, titulaire de la chaire de philosophie de l’Europe à l’université de Nantes-MSH, Jean-Marc Marc Ferry est l’auteur de L’Allocation universelle. Pour un revenu de citoyenneté, (Editions du Cerf, 1995), rééditée avec une nouvelle préface en 2015. Il analyse le regain d’une notion longtemps restée confidentielle et jugée utopiste mais qui, explique-t-il, est une mesure apte à réorienter la solidarité face à la crise de la mondialisation.
Pourquoi le débat à gauche s’est-il, selon vous, focalisé sur cette mesure phare portée par Benoît Hamon ?
Jean-Marc Ferry.- C’est une mesure qui, de premier abord, semble utopique. Mais on voit à la réflexion que ce peut être une « utopie réaliste ». Le revenu universel porte des promesses intéressantes : assurance contre l’extrême précarité et la grande pauvreté, grande simplification administrative qui allège la charge psychique pesant sur les individus égarés dans le labyrinthe de questionnaires et demandes de justificatifs, remotivation à entreprendre, à chercher un travail, à s’insérer socialement.
Il ouvre des perspectives pour les jeunes générations, séduit par ses traits d’universalité, d’inconditionnalité, le caractère cumulable (avec d’autres revenus), le caractère individuel. Autant de marques d’un droit fondamental. C’est pour partie ce qui explique la force d’attraction politique d’une telle mesure. Source Le Monde