Face à l’injustice du cœur comme à celle des lois, quelle éthique de responsabilité ?

Jean-Marc Ferry, philosophe, est professeur honoraire de l’Université libre de Bruxelles, titulaire de la Chaire de Philosophie de l’Europe, de l’Université de Nantes, et Docteur honoris causa de l’Université de Lausanne.

L’amour des hommes et le respect de leurs droits sont également un devoir. (Emmanuel Kant)

Cette communication de Jean-Marc Ferry a été filmée dans le cadre du colloque Ce que la misère nous donne à repenser qui s’est tenu au Centre Culturel International de Cerisy du 6 au 13 juin 2017, sous la direction de Marc LECLERC, Bruno TARDIEU et Jean TONGLET (ATD Quart Monde).

 

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Joseph Wresinski, fondateur d’ATD Quart Monde, continue cent ans après sa naissance à stimuler la réflexion et l’action partout dans le monde. Sa pensée et son œuvre, orientées vers l’éradication de la misère, sont à mettre en lien et contraste avec celles de Hannah Arendt, Paulo Freire, Marcel Mauss, Simone Weil et d’autres ainsi qu’avec des expériences de résistance à la misère. Lors de ces journées, il s’est agi de penser la grande pauvreté, mais surtout de repenser l’humain et la société à partir d’elle et de ceux qui la vivent — afin d’en tirer les conséquences pour l’action.

Résumé de la communication

À l’appui de textes du Père Joseph, dont notamment « Justice au cœur », « La violence faite aux pauvres », « Le droit d’être un homme », on réfléchira sur le sens moral et politique de la responsabilité à assumer à l’égard de la souffrance qu’inflige l’injustice faite à des êtres humains. On mettra en tension les deux pôles de la reconnaissance, que sont l’amour et le droit, deux gestes bien différents et, d’un point de vue moral, deux commandements (l’amour des hommes et le respect de leurs droits) qui ne seraient pas exigibles de la même façon. Ce sont aussi, amour et droit, deux milieux de la reconnaissance. Dans le monde moderne, ils semblent distants l’un de l’autre, séparés, même, comme le sont la sphère privée de la sphère publique, la religion de la politique, la conviction de la responsabilité, la foi de la raison. Comment, sans régression, dépasser ces oppositions? Comment une éthique « postséculière » permettrait-elle d’envisager, sinon une pleine unité, du moins, une réconciliation raisonnable? En référence à la notion originale d’une éthique reconstructive, on tâchera de montrer comment s’articulent trois horizons: celui de la reconnaissance, dans la dimension du présent; celui de la réconciliation, dans la dimension de l’avenir; celui de la responsabilité, dans la dimension du passé.

 

Tous les moments de ce colloque ont été filmé par Colloque TV

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