Témoignage de mobilité à l’Université Saint-Louis Bruxelles

Manon Damestoy, doctorante en science politique à l’Université de Nantes et l’Université Saint-Louis Bruxelles sur le sujet «La démocratie européenne en question : le cas des accords de libre-échange » , se rend régulièrement à Bruxelles et revient ici sur cette expérience.

« Pouvez-vous décrire votre mobilité en quelques phrases ? Que vous a apporté le séjour effectué à l’étranger pour votre thèse ?

Étant en cotutelle entre les Université de Nantes (France) et de Saint-Louis-Bruxelles (Belgique), j’ai décidé d’effectuer la majorité de ma thèse à Nantes, où je gère également la Chaire Jean Monnet de mon directeur de thèse, et d’effectuer plusieurs courts séjours à Saint-Louis-Bruxelles sur les 2 dernières années de ma thèse. J’effectuerai donc des séjours d’à peu près, une ou deux semaines par mois à Bruxelles cette année ainsi que l’année prochaine. De tels séjours m’ont été et me seront bénéfiques pour au moins trois raisons:

1) Être sous la direction d’une deuxième chercheuse à Bruxelles me permets d’avoir un suivi et des retours supplémentaires et différents de ceux de mon directeur nantais. La co-direction est donc bénéfique à la fois sur le plan scientifique – critiques et commentaires de chercheurs travaillant sur des disciplines et sujets différents – mais aussi sur le plan plus pratique – double relecture et suivi des travaux.

2) Une mobilité à l’étranger permet également de rencontrer et discuter de ses travaux avec des chercheurs-collègues d’horizons très différents, de disciplines aussi différentes et travaillant sur des sujets très variés. Ces rencontres alimentent nécessairement la réflexion sur ses propres travaux et ouvrent parfois des horizons et pistes nouvelles. Cela a été mon cas.

3) Si notre thèse nécessite d’effectuer du travail de terrain, un séjour de mobilité est l’idéal pour cet exercice. Travaillant sur les négociations commerciales de l’UE, avoir des séjours de mobilité à Bruxelles me permet tout simplement de pouvoir rencontrer tous les acteurs clefs travaillant sur ce dossier (ONGs, institutions etc.) et donc d’effectuer des entretiens essentiels à mon travail de thèse. Avec le concours, parfois, de collègues bruxellois ayant eux-mêmes un réseau, des contacts, différents des miens.

« Comment avez-vous préparé votre séjour en amont ?

Étant en cotutelle et effectuant des séjours ponctuels tout au long de l’année, il n’y a pas eu de préparation spécifique en amont. Cependant, j’ai décidé d’organiser mon travail dans les deux universités de manière particulière. Lorsque je suis à Nantes, je fais le gros travail de lecture et organise les entretiens que je pourrai avoir à Bruxelles ensuite. J’identifie donc les acteurs, créer les grilles d’entretiens et fais les mails d’invitation lorsque je suis à Nantes et effectue donc le travail d’entretien et de rencontre des acteurs lorsque je pars à Bruxelles.

Sur un volet plus pratique, j’étais entrée en contact avec ma directrice belge en début d’année et cette dernière avait organisé elle-même ma venue à Saint-Louis – bureau, installation etc. Elle avait également organisé une rencontre avec mes nouveaux collègues belges afin que je puisse me présenter et présenter mes travaux de recherche.

« Est-ce que vous conseilleriez à vos collègues d’effectuer un séjour à l’étranger ? Quelles recommandations pourriez-vous faire à vos collègues ?

Je conseille évidemment à tous mes collègues d’effectuer un séjour à l’étranger. Une mobilité vous permettra de confronter vos travaux à des chercheurs importants dans votre domaine, ou à des travaux de chercheurs issus de disciplines très différentes apportant un regard nouveau à votre recherche. Si nécessaire, elle vous permettra également d’effectuer un travail de terrain plus dense avec un accès plus facile aux acteurs. Cependant, avant d’envisager une mobilité, je conseille de se poser au moins trois questions afin de déterminer l’intérêt de la mobilité et le lieu de celle-ci:

1) Il faut tout d’abord se demander quel apport pourrait avoir une mobilité sur nos travaux de recherche.

2) Puis savoir dans quelles universités travaillent les chercheurs importants pour notre sujet de thèse et avec lesquels il serait pertinent et intéressant de travailler pendant quelques mois

3) Si la mobilité est motivée par un travail de terrain, bien réfléchir à la localisation des acteurs de son sujet pour effectuer une mobilité réellement efficace

« Prévoyez-vous d’effectuer d’autres séjours de recherche en Belgique ou dans d’autres pays à l’avenir ?

Le choix de la Belgique est, pour une large partie, motivé par la présence d’un très grand nombre d’acteurs clefs de mon sujet de thèse à Bruxelles ; que ce soit les ONGs, les politiques ou institutions. C’est donc mon travail de terrain qui est privilégié par cette mobilité. Cependant, bon nombre de chercheurs mobilisés sur des questions qui m’intéressent travaillent eux-mêmes dans d’autres universités étrangères. Il n’est donc pas exclu que j’effectue une nouvelle mobilité, moins « éparpillée » dans une autre université que celle de Saint-Louis, avant la fin de ma thèse.

« Que retenez-vous de Bruxelles et la Belgique ?

A vrai dire, je connaissais déjà très bien Bruxelles pour y avoir vécu 1 an et demi avant la thèse. Cependant, ces séjours à l’Université de Saint-Louis m’ont appris au moins une nouvelle chose de la Belgique: le monde de la recherche belge se distingue assez fort du monde de la recherche français. Il y a en Belgique, disons, une manière plus « décontractée » de faire de la recherche qui laisse peu de place aux considérations hiérarchiques entre professeurs, maîtres de conférences, assistants de recherche ou doctorants, qui reste assez présentes en France malheureusement.

Manon Damestoy

Manon Damestoy

Manon Damestoy

Doctorante en sciences politiques à l'Université de Nantes et l'Université de Saint-Louis de Bruxelles

Au sein du laboratoire Droit et Changement Social, de l’Ecole doctorale Droit et Sciences politiques, Manon Damestoy prépare une thèse sur « La démocratie européenne en question : le cas des accords de libre-échange » en cotutelle internationale, sous la direction d’Arnauld Leclerc (DCS, Université de Nantes) et de Florence Delmotte (Institut d’études européennes, Université de Saint-Louis-Bruxelles). Manon participe également à la gestion de la Chaire TEN d’Arnauld Leclerc et à la numérisation des travaux de Jean-Marc Ferry.

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DCS

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Droit et changement social, UMR 6297 CNRS (Université de Nantes)

DCS est une UMR CNRS de l’Université de Nantes, à dominante juridique ayant vocation à développer des relations interdisciplinaires. Le socle commun du laboratoire réside dans son objectif d’ensemble : comprendre le rôle du phénomène juridique dans les transformations de la société contemporaine. Une place importante est donnée à l’observation des pratiques et à des démarches d’évaluation de l’efficacité de la norme juridique.

http://dcs.univ-nantes.fr

Nantes Université

Nantes Université

Etablissement public d’enseignement supérieur et de recherche innovant créé en janvier 2022, cette institution regroupe la faculté, le centre hospitalier universitaire (CHU de Nantes), l’institut de recherche technologique (IRT Jules Verne), les grandes écoles Nantaises (Centrale, l’Ecole des Beaux-Arts et l’Ecole d’Architecture) ainsi que l’organisme national de recherche (Inserm). Réunir ces institutions sous la tutelle de Nantes Université permet de développer conjointement les lignes directrices de la recherche universitaire nantaise.

Nantes Université est porteuse du Centre d’excellence Jean Monnet UniPaix, qui rassemble des enseignants-chercheurs issus des pôles Humanités et Sociétés.

http://www.univ-nantes.fr