Témoignage de mobilité à l’Université de Montréal

Pauline Pedehour, doctorante au Laboratoire d’économie et de Management de Nantes Atlantique (LEMNA) sur les outils d’aide à la décision pour la répartition de la ressource en eau, a effectué un séjour au Canada, du 30 mars au 13 mai 2022. Elle a bénéficié d’une bourse de mobilité de l’Institut d’études européennes et globales Alliance Europa.

 « Pouvez-vous décrire votre mobilité en quelques phrases ? Que vous a apporté le séjour effectué à l’étranger pour votre thèse ?

La mobilité était initialement prévue en 2020, en milieu de thèse. Elle devait porter sur une étude de terrain des outils socio-économiques de lutte contre le changement climatique à travers l’exemple de l’eau auprès des « consomm’acteurs ». Du fait de la situation sanitaire, les projets initiaux, la collecte de données et les dates de séjour ont dû être modifiés à de nombreuses reprises.

Néanmoins, au printemps 2022, j’ai eu la chance de pouvoir effectuer un séjour de recherche au sein du Centre Interuniversitaire de Recherche en Economie Quantitative (CIREQ) de Montréal. Ayant déjà abouti mon travail de thèse au moment de la mobilité, ce séjour a néanmoins fait office de tremplin pour mes travaux à deux égards.

Tout d’abord, cela m’a permis de nouer d’étroites collaborations avec un professeur de l’université de Montréal, spécialiste de l’économie environnementale. J’ai eu la chance d’être encadrée par ce chercheur avec des rendez-vous hebdomadaires qui m’ont permis d’obtenir des retours sur mes travaux de thèse mais également de réfléchir à des perspectives de recherche futures. Je conseille aux doctorants qui souhaiteraient effectuer une mobilité de partir avec des contacts préétablis et solides en amont pour bénéficier au mieux de cette opportunité.

Par ailleurs, ce séjour m’a permis de valoriser mes travaux dans des congrès et séminaires en présentant mes articles à HEC Montréal, à Polytechnique Montréal, au congrès de la Société Canadienne de Science Economique ainsi que dans l’atelier d’économie de l’environnement et des ressources Naturelles du CIREQ. Plus généralement, le milieu de la recherche canadienne favorise et encourage beaucoup les séminaires, les congrès et les présentations de travaux, ce que je recommande beaucoup à des doctorants qui souhaiteraient partir pour deux raisons. La première est que c’est un moyen de bénéficier de retours enrichissants et de faire progresser ses recherches en cours. La deuxième est que c’est un excellent moyen de se faire connaître sur place et de nouer des liens dans le milieu de la recherche.

Pour résumer, cette expérience de mobilité, bien que différente du projet initial, a été très bénéfique dans le cadre de ma thèse.  J’ai ainsi obtenu des retours sur mes travaux effectués,  noué des liens avec des collègues canadiens, donné de la visibilité à mes recherches et réfléchi à des perspectives futures de travail avec des spécialistes du domaine.

 « Comment avez-vous préparé votre séjour en amont ? Est-ce que vous conseilleriez à vos collègues d’effectuer un séjour à l’étranger ? Quelles seraient vos recommandations ?

D’un point de vue académique, le projet initial reposait sur les outils socio–économiques de lutte contre le changement climatique à travers l’exemple de l’eau. L’objectif initial était d’effectuer une collecte de données pour mener une analyse comparative entre France et Canada autour des comportements de consommation éco-efficiente. Je conseille aux doctorants qui souhaitent collecter des données de préparer leur terrain à l’avance. Il est important d’avoir déjà noué des contacts sur place, prédéfini le design méthodologique et l’objet d’étude en amont afin d’être efficace dans le pays d’accueil, surtout pour les courts séjours.

N’ayant pu conduire ce projet et étant dans l’optique de valoriser mes travaux déjà conduits, j’ai contacté ma structure d’accueil plusieurs mois à l’avance. Cela m’a permis de prendre part aux activités de laboratoire telles que les séminaires en ligne et d’anticiper les évènements scientifiques canadiens durant mon séjour. J’ai ainsi pu présenter mes travaux dès janvier en séminaire virtuel du CIREQ. Cela a permis aux chercheurs locaux de m’identifier et de connaître mes objets de recherche avant même mon arrivée.

D’un point de vue administratif, il est indispensable de suivre les procédures avec rigueur et de penser à toutes les contraintes qu’un déplacement de longue durée implique. Par exemple, il est préférable d’anticiper les réservations de logement et de transports à l’avance pour bénéficier de tarifs accessibles. Il y a également des formalités administratives indispensables à prendre en compte. Pour le Canada par exemple, le déplacement requiert un passeport, une autorisation de voyage électronique, et même un visa dans certains cas. Il est donc nécessaire d’anticiper toutes ces formalités des semaines voire même des mois avant. Dans le contexte particulier de pandémie, il est également indispensable de connaître les contraintes locales et de voyage. Il faut aussi anticiper le coût d’une telle mobilité et les délais de remboursement ex-post d’une telle mission. Enfin, je recommande aux doctorants de partir renseigné sur les conditions d’accueil sur place et de s’assurer des ressources matérielles mises à disposition par les infrastructures partenaires. Pour ma part, il était possible de bénéficier d’un bureau équipé en matériel informatique sans difficulté.

« Que retenez-vous de Montréal/ du Canada ?

Sur mon sujet d’étude, le Canada est un territoire particulièrement intéressant car il dispose de très nombreuses ressources en eau (à la fois en qualité et en quantité). Les usages sont donc différents et les comportements de consommation également. A titre d’exemple, les habitants de Montréal consomment trois fois plus d’eau que les Nantais. L’eau est même souvent fournie gratuitement, ce qui rend les incitations sociales parfois plus pertinentes que les incitations économiques pour diminuer les consommations et préserver la ressource. Cette mobilité m’a apporté un autre regard sur les différents modes de gestion des ressources naturelles dans le cadre de la lutte contre le changement climatique et sur les outils de politiques publiques à mettre en place pour encourager les comportements éco-efficients. Cela m’aidera à orienter mes recherches vers de nouvelles perspectives à la fois théoriques et appliquées dans cette voie.

C’est une réelle opportunité d’avoir pu bénéficier de cette expérience humaine et scientifique, en découvrant à la fois un nouveau mode de vie, un autre système académique et un environnement de recherche différent et stimulant. Je ne peux que recommander cette ouverture internationale aux doctorants actuellement en thèse.

LEMNA

Laboratoire d’économie et de management de Nantes atlantique, EA 4272 (UN)

Le LEMNA regroupe l’ensemble des chercheurs en économie et en gestion de l’Université de Nantes, de l’IMT Atlantique (ex-Mines Nantes) , et de l’École Nationale Vétérinaire, Agroalimentaire et de l’Alimentation Nantes-Atlantique (ONIRIS).

http://www.lemna.univ-nantes.fr/