Le Centre a participé à la création du parcours DIPLO du master EEI de NU, dont la première promo de M2 a été inaugurée à la rentrée 2023.
Aujourd’hui, nous vous proposons de vous plonger dans les travaux réalisés, il y a quelques mois, par deux étudiants : un poster et une analyse des dynamiques de l’Union européenne et de ses acteurs étatiques dans le conflit isréalo-palestinien, suite aux attaques du 7 octobre 2023.
Un grand merci à eux pour leur travail !
Dans un contexte mondial mouvementé, l’Union européenne se retrouve face à une série de défis urgents, parmi lesquels la crise humanitaire à Gaza occupe une place centrale. Le 15 novembre 2023, le Haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité et Vice-président de la Commission, Joseph Borell, présentait les propositions de l’Union pour faire face à cette situation délicate afin de briser le cycle de violence à Gaza tout en promouvant une solution politique au conflit israélo-palestinien. Fin janvier 2024, avec près de 25 000 morts et 61 500 blessés, la recherche d’une solution politique à moyen-long terme est de plus en plus cruciale pour l’établissement d’une paix durable au Moyen-Orient.
Tiraillée entre son soutien économique à Israël et son engagement financier envers l’Autorité palestinienne, l’UE cherche à jongler avec les intérêts divergents tout en prônant le respect du droit international. D’un côté, la suspension initiale de l’aide humanitaire à la Palestine par le hongrois Olivér Várhelyi (commissaire européen chargé de la politique de voisinage), démentie le soir même par Josep Borrell, et de l’autre, le déplacement très controversé de Mme. Von Der Leyen en Israël le 13 octobre, où elle a fortement soutenu le droit du pays à se défendre.
Ce n’est qu’à partir du 19 octobre que le Parlement européen a esquissé une boussole commune, illustrée par l’adoption d’une résolution appelant à une « pause humanitaire » sans pour autant mentionner de cessez-le-feu, suscitant un débat houleux quant à la formulation à employer. Le Conseil européen du 26 octobre a encore affirmé cette volonté de définir une position commune, les États membres établissant un compromis entre la recherche d’un cessez-le-feu soutenue par l’Espagne et le droit d’Israël à l’auto-défense affirmé par l’Allemagne. Cependant, à l’Assemblée générale de l’ONU, les voix européennes se disloquent, chaque État privilégiant sa position nationale et brisant alors l’harmonie façonnée la veille à l’échelle européenne. Certains observateurs voient cette fragmentation comme une atteinte à la crédibilité de l’UE en tant qu’acteur diplomatique.
Dans ce contexte, comment définir le rôle de l’Union européenne dans le conflit israélo-palestinien à Gaza ? Bien qu’elle ne soit pas le chef d’orchestre de ce conflit, à l’instar des États-Unis avec les accords d’Oslo ou par le financement massif qu’ils ont toujours attribué à Israël, notre Union y occupe néanmoins une place cruciale.
Avec des milliards d’euros alloués à la construction d’institutions palestiniennes, l’UE espère en effet contribuer à la paix dans la région. Toutefois, le Hamas a mis à mal cette stratégie en frappant violemment Israël le 7 octobre 2023. Pire encore, des allégations selon lesquelles des membres de l’UNRWA auraient participé aux attaques du Hamas contre Israël ont secoué l’UE qui a exigé un audit indépendant de l’UNRWA. La Commission européenne a indiqué dans un communiqué que l’avenir du financement de cette branche des Nations Unies dépendrait des résultats de son investigation. M. Mamer, chef du service des porte-parole de la Commission, a insisté sur la nécessité de déterminer le vrai du faux étant donné que l’UE est la principale donatrice d’aide humanitaire et au développement pour la Palestine. Malgré tout, l’UE semble rester déterminée à soutenir humanitairement Gaza, mais elle insiste sur la nécessité d’une réforme en profondeur de l’UNRWA pour s’assurer que son argent ne tombe pas entre de mauvaises mains.
Entre dissensions internes, crises onusiennes et divisions dans l’opinion publique, l’UE doit en effet redoubler d’efforts pour concilier ses intérêts divergents tout en garantissant une contribution efficace à la résolution durable du conflit israélo-palestinien à Gaza. Plus récemment, le lundi 22 janvier, les ministres des Affaires étrangères de l’UE ont soutenu une « feuille de route vers la paix » au Proche-Orient, mais Israël semble avoir ignoré ce plan, selon la presse européenne. Cette feuille de route en dix points vise à mettre en œuvre la solution à deux États. Ces points comprennent la libération des otages, la reprise du principe de deux États, une normalisation complète des relations entre Israël et le monde arabe, des garanties de sécurité et l’organisation d’une conférence internationale pour élaborer un plan de paix. Le ministre israélien des Affaires étrangères a adopté une position inflexible lors de la réunion, se concentrant sur des sujets spécifiques tels que le retour des otages et le rétablissement de la sécurité en Israël. Dans un souci de neutralité, la feuille de route ne traite pas explicitement des problèmes de l’extrémisme israélien ni des atrocités commises par le Hamas.
