Sabikou Moumouni, Lorraine Stravens et Loukey Kouamé Yocoly, doctorants au CRHIA de l’Université de Nantes organisent le 6 juin 2019 une journée d’études à l’Université de Nantes.
Depuis toujours, les relations entre l’Europe et l’Afrique ont constitué une source inépuisable qui irrigue les réflexions et alimente les débats chez les chercheurs toutes disciplines confondues. Le caractère singulier des rapports que les deux ensembles géographiques ont tissés au fil de l’histoire n’est pas étranger à ce phénomène qui perdure. « Il s’est toujours agi alors soit d’en vanter les mérites, soit d’y porter une critique, le but étant en fin de compte d’apporter des correctifs nécessaires à l’amélioration de la coopération » (Ébalé 2015: 11). Les contacts entre les deux continents, faut-il le rappeler, remontent à des époques très lointaines et épousent, en fonction des contextes, diverses formes. L’Afrique s’est ainsi frottée au reste du monde, en particulier à l’Europe d’abord par le biais de la traite des esclaves, ensuite de l’aventure coloniale pour finalement aboutir à des rapports beaucoup plus humains, empreints d’une certaine « solidarité européenne» (Hugon 2011: 68 – 70). Si ces derniers types de rapports retiennent particulièrement l’attention, c’est avant tout parce qu’ils interviennent à une époque marquante dans l’histoire des relations internationales contemporaines : en Afrique, la plupart des territoires accède à l’indépendance et doivent agir en leur nom et pour leur compte dans le concert des Nations ; en Europe, c’est les débuts de la communautarisation des intérêts économiques et commerciaux. Les liens qui naissent alors entre l’Europe communautaire et les jeunes États africains seront d’essence économique, avec une finalité développementale. Ils prendront une forme d’abord associative, dans le cadre du Traité de Rome (Partie IV), puis contractuelle, par le biais des conventions de Yaoundé (1962 et 1970), de Lomé (1975, 1980, 1985, 1990) et finalement de Cotonou (2000). Leur évolution est non seulement fonction d’enjeux multiples notamment politiques, conjoncturels, stratégiques…, mais surtout tributaire d’un contexte international global particulièrement changeant. Comment l’Europe et l’Afrique ont-ils adapté leurs rapports économiques au fil des contextes qui ont marqué leur évolution ? Quels enjeux, quels défis, et quelles perspectives pour ces relations à l’heure de la globalisation économique ? C’est autour de ces questions que vont tourner les réflexions dans le cadre de notre journée d’étude que nous découpons en deux ateliers.