Support de dévotion, cible d’attaques violentes ou butin, l’objet religieux est au cœur des conflits de l’âge moderne, souvent motivés par la défense et l’illustration de la foi. Sur un long arc chronologique, qui part du premier iconoclasme réformé en Europe, dans les années 1520, et embrasse le temps long des affrontements confessionnels et de la première expansion coloniale, le colloque a pour enjeu principal de retracer le destin tourmenté des objets de la foi chrétienne, dans des contextes géographiques variés (Europe occidentale et orientale, terres de missions extra-européennes) et particulièrement là où se côtoient différentes confessions : catholiques, protestants, orthodoxes, chrétiens orientaux, juifs et musulmans.

En prenant en compte les objets d’église (objets sacrés et parements liturgiques) et les supports de prière domestiques et intimes, le colloque a pour principale ambition d’étudier les modalités complexes de leur transmission et de leur transformation dans les conflits, sans se limiter à l’alternative classique entre vandalisme et préservation. Dans ce but, cinq thèmes sont proposés à la réflexion collective : les destructions d’objets et leurs répercussions ; leur dissémination, accélérée par les conflits ; leurs nouvelles affectations sous l’effet d’affrontements ; le balisage de frontières disputées par les objets religieux ; enfin les controverses de plume qui découlent des conflits de terrain.

L’histoire des objets chrétiens suppose d’associer les recherches de littéraires, de théologiens, d’historiens, d’historiens de l’art et de conservateurs. La réunion d’historiens et d’historiens de l’art met en lumière l’inventivité d’une méthode (l’histoire matérielle) afin de mieux comprendre l’expérience de la foi et du rapport à l’Autre à l’époque moderne.