Ce colloque, organisé par Géraldine Galeote et Maitane Ostolaza les 3 et 4 octobre prochain, propose d’interroger, grâce à une approche transdisciplinaire et transnationale, les processus de patrimonialisation, la place et le rôle du patrimoine dans des sociétés multi-niveaux dans lesquelles interagissent des identités étatiques et non étatiques.
Le patrimoine culturel a traditionnellement fonctionné, dans les sociétés européennes, comme un mécanisme d’identification collective, même si cela n’a pas toujours entraîné un consensus unanime. Nous allons aborder la question du lien entre patrimoine et identités dans les sociétés européennes depuis la perspective des stéréotypes, des émotions et des expériences.
Outre le rôle clé que les stéréotypes sont amenés à jouer dans la construction de « l’autre », en tant que complément nécessaire du « nous » fondant les identités nationales, les stéréotypes sont aussi au cœur de la construction de « l’auto-image » qui sert de support à toute identité collective, qu’elle soit nationale ou d’une autre nature. Ainsi, pour comprendre comment la construction de ce qui fait patrimoine s’articule avec les processus de construction identitaire, il convient de s’interroger sur l’influence des stéréotypes dans les processus de patrimonialisation au niveau local et global mais aussi dans le processus de réception de celui-ci. Les émotions constituent, elles aussi, une variable essentielle dans l’analyse des identités nationales et des processus de construction identitaires qui y sont associées. Le vivre-ensemble dans la société s’alimente d’émotions partagées, que ce soit à travers un destin commun originel ou à travers une communauté d’appartenance construite. Le fondement même de l’identité, le sentiment d’appartenance, met à l’œuvre le ressenti de l’individu par rapport au groupe auquel il se sent rattaché. Les spécificités de la construction identitaire de groupe reposent en partie sur les affects que ressentent les personnes formant le groupe. Si l’on considère que le patrimoine peut être un élément fédérateur, ou au contraire un élément de division, il est déterminant de comprendre comment les émotions peuvent représenter une variable essentielle dans la construction de ce qui fait patrimoine à l’échelle locale et globale. Pour que le patrimoine puisse être un élément de construction identitaire il est nécessaire de créer une interaction entre les personnes et leur environnement afin que celles-ci puissent adhérer au récit patrimonial qui leur est offert. Cette « fiction » patrimoniale ne peut exister que dans le dialogue entre le dedans et le dehors mais aussi dans la relation à autrui, l’expérience partagée. Afin de mieux comprendre l’articulation entre les processus de patrimonialisation et de construction des identités nationales, il convient d’étudier les mécanismes d’élaboration de cette expérience partagée, de cette « fiction » vécue et interprétée.